Lyon 2014. Geneviève Brichet refuse d'être exclusivement Colombiste…

Lyon 2014. Geneviève Brichet refuse d'être exclusivement Colombiste…

Nous relayons tout simplement la décision et la prise de position de Geneviève Brichet qui s’est retirée de la liste de Gérard Collomb dans le 6 ème arrondissement de Lyon, dont nous saluons le courage et l’honnêteté intellectuelle. C’est rare en politique…

Geneviève Brichet et Najat Vallaud Belkacem lors de la dernière campagne des législatives à Lyon

Texte issu du blog de Geneviève Brichet: http://genevievebrichet.blogspot.fr/

Pourquoi je me retire de la liste Gérard Collomb Lyon 6 pour les élections municipales de 2014 ?


Horreur, malheur… Geneviève Brichet refuse d’être exclusivement Colombiste, elle persiste à dire qu’elle est aussi socialiste ! Mais enfin, Geneviève, soit raisonnable, comment peut-on afficher une telle étiquette frelatée, à Lyon et qui plus est, dans le 6ème arrondissement?
Impossible voyons! Vite cachons cet engagement que je ne saurais voir, derrière une notabilité de bon aloi : une tête de liste société civile profil 6ème et si possible de droite. Tu seras 3ème sur la liste (succession femme/homme oblige)…
Eh bien si. Je persiste et je signe, mes convictions et mon engagement sont liés aux valeurs de la gauche et je ne le cache pas (voir ma vision des valeurs de gauche sur mon post: http://genevievebrichet.blogspot.fr/2013/02/la-droite-la-gauche-cest-tout-pareil.html
Alors, refusant les faux-nez, j’ai décidé de me retirer de la liste des candidats aux Municipales Lyon 6, du premier socialiste de Lyon – élu candidat par les militants socialistes (oh pardon j’ai encore prononcé le vilain mot !). Question de sincérité, d’engagement et d’honneur.
Une mandature exemplaire
Entendons-nous bien, je continue à penser que Gérard Collomb, est un bon maire, que sa mandature a répondu aux attentes des lyonnais, que sa vision pour Lyon est excellente et que le projet de Métropole dont il est le père, mérite bien qu’il fasse un 3ème mandat pour le mettre en oeuvre.
Depuis 2008 où je fus élue en troisième de liste dans le 6ème arrondissement, j’ai passé six belles années dans l’exécutif du Maire de Lyon en tant que Conseillère Municipale, années pendant lesquelles j’ai beaucoup appris.
Notre petite équipe de 6 élus de gauche, était certes un peu livrée à elle-même, dans ce 6ème arrondissement…
Alors, contrainte à inventer, à découvrir en marchant, au fur et à mesure, faute de feuille de route précise définie par le « patron », j’ai interprété cela comme de la confiance.
Un peu seulette, au milieu d’élus de droite bien installés dans la politique locale du 6ème.
Gentiment mais fermement bousculée par les habitants du 6ème et quelques camarades de ma section, grâce auxquels j’ai pu bénéficier d’une connaissance quasi parfaite des problématiques du terrain et les revisiter selon la politique du Maire de Lyon.
Cela oblige à apprendre vite ! Comment fonctionne un arrondissement, une municipalité, ses clés et ses verrous, ses forces et ses failles, la façon de s’opposer mais aussi de faire avancer les bonnes idées, l’écoute des citoyens, de tous les citoyens, de mon bord politique comme de l’autre, être là où ça se passe sur le terrain, parvenir à mériter leur confiance.
Je me rappelle encore cette vieille dame qui me prend gentiment par la main lors d’un goûter de Noël, en me chuchotant « je ne savais pas qu’on pouvait être aussi gentille et sympathique en étant de gauche. Vous savez je vous aime bien et j’ai confiance en vous ». Sans compter les visites amicales à ma permanence du jeudi, juste pour me dire bonjour parfois! Ce week-end encore un monsieur qui m’interpelle au café : « Ah madame Brichet, vous êtes en campagne, eh bien vous savez, je suis gaulliste de droite, mais je vais voter pour vous. Vous travaillez bien pour Gérard Collomb ! ».
Et devenir petit à petit, à force de travail sur chacun des dossiers, une référente incontestable et incontestée (j’allais dire une actrice de la ville!).
Lier des relations d’estime et de confiance avec les adjoints du Maire de Lyon pour bien comprendre leur ligne directrice et contribuer à mener avec eux, quelques beaux projets à leur terme sur mon arrondissement, comme, entre autres, celui des transports en modes doux, de la création de la maison des associations, celle des Musicales du 6 ou les rénovations de beaux vieux appartements du « triangle d’or » en logements sociaux.
Savoir interroger la bonne personne au Cabinet du Maire, celle qui peut donner avec bienveillance le bon renseignement de dernière minute sur un dossier délicat.
Pendant 6 ans, au niveau de la mairie centrale, mes fonctions déléguées par le Maire de Lyon m’ont conduite à m’impliquer dans nombre de commissions et instances : urbanisme/développement durable, jeunesse et sports/vie associative, culture/grand évènements, sans compter les Commissions Techniques Paritaires, le Conseil Lyonnais pour le Respect des Droits et différents conseils d’administration où je siège activement et avec assiduité.
Et puis être active dans le 6ème aussi bien sûr: dans tous les conseils d’arrondissement, les milieux associatifs, sportifs, éducatifs sociaux et culturels et chaque fois que Gérard Collomb m’a chargé de le représenter lors d’un évènement du 6ème. Jusqu’à ce soir, à la première manifestation d’une nouvelle association culturelle russe à Bellecombe, où j’ai pu exprimer la vocation internationale de la Ville de Lyon.
Cela va de soi car je suis une fervente adepte du terrain, pour aimer les rencontres chaleureuses avec les habitants.
Oui, j’ai bien travaillé et nul ne peut en douter, ni dans la majorité municipale de la ville, ni dans l’opposition de l’arrondissement où j’ai été élue.
Bref, pour la première fois dans son histoire, le 6ème a eu une opposition de gauche, active pendant tout un mandat.
Alors pourquoi arrêter en si bon chemin?
Ça parait naturel d’embrayer sur un deuxième mandat pour tâcher de finir ce qu’on a commencé, faire mieux encore.
Oui mais voilà, pas si simple.
Quand on est socialiste dans un arrondissement de droite, il y a dans votre propre famille politique, des stéréotypes qui ont la vie dure, et des façons d’agir qu’on ne peut cautionner, ceux-là mêmes qui discréditent la politique, hélas!
A cela, je dis trois fois non
– Non d’abord à l’exigence de cacher mon (notre) appartenance au Parti Socialiste. Cela, je ne peux l’accepter car au delà de mon refus viscéral de renier des valeurs auxquelles je suis attachée, cette apparence de renoncement n’est pas crédible.
Les citoyens nous connaissent et comprennent bien qu’on n’est pas mauvais élu local parce qu’on a une étiquette socialiste. Notre bilan en témoigne. Les électeurs savent bien que l’administration d’une collectivité locale, c’est une question de personne et de valeurs humaines, plus que d’appartenance politique. Gérard Collomb en est la preuve. Je prétends en être une autre.
– Non ensuite à l’usage sans complexe de la violence, que les petits chefs mâtinés « men in black », apparatchiks d’une campagne engagée sur un mode militaire, manient avec dextérité pour faire la pluie et le beau temps (surtout la pluie), en devançant les intentions du chef.
Un objectif est fixé? Tout leur semble permis pour y parvenir. La méfiance, érigée au rang de postulat les conduit naturellement à utiliser les moyens les plus radicaux pour rendre impossible toute collaboration ou initiative de la part de leurs troupes : désinformation, mise à l’écart des décisions, manipulation de l’entourage, espionnage, humiliations, tentatives d’intimidation…
Ah pouvoir, quand il vous tient !
Je suis quasi sûre que certaines de ces vilenies destructrices sont parfaitement inconnues du chef lui même ! Mais quels ravages sont produits par ce management de la terreur, ces pratiques méprisantes, chez les militants, bénévoles rappelons-le, dont la dignité est mise en cause ! Cette absence de respect est aussi contraire à mes valeurs.
– Non enfin à la solution de cacher mon engagement socialiste derrière une tête de liste parachutée sur ce territoire, genre voyage en terre inconnue, au positionnement politique incertain, totalement inexpérimentée, mais réputée avoir le « profil 6ème ».
(pour mieux la connaître, voir: http://www.youtube.com/watch?v=bwFA7Fu9-c8
ça va être dur de se mettre au diapason en moins de deux mois !
Notez que je ne lui jette pas la pierre, c’est sûrement une fille bien sous tous rapports et puis, c’est tellement excitant d’être choisie par le Maire de Lyon !
Mais il faut savoir qu’elle sera, quel que soit le score de sa liste, élue Conseillère d’Arrondissement, Conseillère Municipale et fléchée Conseillère Métropolitaine, fonctions cumulées qui demandent chacune de l’implication, du travail (surtout quand on n’y connait rien de rien) et donc du temps disponible…
J’ai passé plus de 30 ans en entreprise et jamais au grand jamais, il ne me serait venu à l’idée de placer un débutant sans connaissance du monde de l’entreprise, à la tête d’une unité d’exploitation ! (ou pire, confier à un novice la responsabilité d’opérer des patients dans un hôpital…)
Cela encore est contraire à mes valeurs. Je ne peux accepter de cautionner des pratiques dépassées dont les électeurs ne sont pas dupes.
Et pour autant, je suis pour l’ouverture et le renouvellement des élus, mais respectons l’ordre naturel et légitime : d’abord, on apprend; ensuite on fait ses preuves; après, on dirige.
Pour moi, la fin ne justifiera jamais les moyens
La loyauté a des limites et quand on n’est plus en phase avec une démarche, on se retire.
Alors, plutôt que d’accepter cette troisième place sur une liste, faire cette campagne à contre-coeur et avoir mal au ventre le matin au point de ne plus oser me regarder dans la glace, mieux vaut partir la tête haute avant de perdre mon âme. Elle m’appartient et j’y tiens!
Geneviève Brichet
Texte intégral avec les différents commentaires sur le blog: http://genevievebrichet.blogspot.fr/2014/02/pourquoi-je-me-retire-de-la-liste.html
 
 
 

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