Les Nuits sonores 2020 se dérouleront du 19 au 24 mai. Principaux lieux: anciennes usines Fagor-Brandt, Sucrière, Sucre, station Mue, H7 x Hôtel71 x Heat et une quinzaine de lieux dans toute la ville.

« Le dancefloor est redevenu un ring politique, un terrain où le débat déborde largement le cadre des enjeux culturels et esthétiques. »

Longtemps réduite à une culture égoïstement festive et hédoniste, la house et la rave nation ont – avec trois décennies d’histoire sur les dancefloors planétaires – conquis un autre sens : celui d’un regard légitime sur le monde qui les entoure. La planète techno n’est pas une boule à facettes étincelante, béate et insouciante. Elle s’est conscientisée au fil des années, à travers le prisme de sa propre liberté, contestée et constamment mise en danger.
Les années fondatrices de la répression anti-techno, fin 80 et début 90 ; les relations corrosives entre une scène musicale, une partie des médias, le monde politique et les autorités ; la lutte pour l’indépendance et l’invention de modèles alternatifs contre les géants de l’entertainment ; le cosmopolitisme consubstantiel à cette culture émergente, mobile et universelle ; l’espace de la nuit enfin, comme carrefour inégalable des libertés, des genres, des origines, des pratiques sexuelles ou des générations…
Tout cela a progressivement et constamment politisé la scène techno. Interpelée, elle a dû répondre de ses responsabilités, notamment envers la jeunesse. Malmenée par les bas du front de tous bords, elle a dû rappeler son ADN anti-raciste, universaliste, et sa proximité pionnière dans les luttes menées
par les communautés LGBTQI+. Aujourd’hui, le dancefloor est redevenu un ring politique, un terrain où le débat déborde largement le cadre des enjeux culturels et esthétiques, bien au-delà des questions propres à la survie d’une scène ou des libertés et contraintes relatives à la nuit elle-même.

L’urgence des enjeux actuels : écologie, mouvements migratoires, post-colonialisme, lutte contre les inégalités, érosion démocratique, etc. a ouvert dans cet environnement de la nuit « post techno » un espace inédit de confrontations des idées, de contestation, parfois de militantisme et d’activisme. Il faut s’en réjouir. Car il s’agit sans doute d’une opportunité essentielle de réengagement de la jeunesse dans le débat public et la friction démocratique, à un endroit où plus grand monde ne l’attendait. À Tbilissi, à Hong-Kong, au Chili ou en Bolivie, en Ukraine, en Algérie, à Paris ou Beyrouth, les mouvements démocratiques et sociaux, la lutte contre les régimes autoritaires et le grand mouvement de la jeunesse pour le climat, trouvent un écho dans la nuit et sans sa représentation culturelle, artistique, festive et
collective. Depuis toujours et plus que jamais, Nuits sonores entend prendre part à cette effervescence planétaire.
Vincent Carry
Directeur d’Arty Farty et de Nuits sonores

Programme des Nuits Sonores 2020

 

  Nuits Sonores 2020