Le second tour du 28 juin, sera une élection historique à Lyon. Tout d’abord c’est une double élection : Municipales et Métropolitaines. Une élection de fin de règne et d’alternance. Une non-élection tant la participation risque d’être faible. Une élection de mésalliance. Une élection davantage centrée sur les candidats et les partis que sur les électeurs… Même si l’on peut avoir quelques réticences sur le choix de cette date du 28 juin pour ce deuxième tour il serait quand même mieux d’aller voter pour ne pas regretter le résultat!

Dimanche 28 juin, on vote deux fois.

N’oublions pas que l’on votera deux fois ce dimanche 28 juin 2020 pour élire un nouveau Maire de Lyon et 9 maires d’arrondissement ainsi que pour élire un nouveau Président de la Métropole de Lyon au travers d’un vote pour les listes des 14 circonscriptions de la Métropole qui rassemblent 59 communes du Rhône.

Fin de règne pour Collomb et sa clique.

Cette élection marque tout d’abord la fin de règne de Gérard Collomb qui a mis 20 ans a conquérir le pouvoir, 20 ans à l’exercer (depuis 2001) de façon de plus en plus autoritaire et laxiste sur le plan des idéaux politiques passant de la gauche, au centre puis à droite tout cela pour ressasser pendant les vingt prochaines années sa rancoeur pour ne pas avoir su transmettre le relai.

Soyons cependant honnête et saluons le travail de Gérard Collomb qui a su impulser un rayonnement et une dynamique à cette ville de Lyon.

Triangulaire pour la Ville et la Métropole.

Ce second tour opposera trois groupes de candidats positionnés à gauche, au centre et à droite que l’on retrouve parfois en doublon sur les listes de la Mairie et de la Métropole comme quoi le mélange des genres et des responsabilités ne change pas. Cette triplette électorale est bien classique en terme de positionnement politique mais avec un drôle de mélange des genres qui devrait interpeller l’électrice et l’électeur.

A gauche.

EELV, le PS, LFI, le PC… emmenés par Grégory Doucet (EELV), leader du premier tour avec 28,46 % et favori du second tour en additionnant les pourcentages de ses différents alliés. Sauf accident, Doucet devrait être le prochain maire « écologiste » de la troisième ville de France. Une véritable révolution « politique » qui montre clairement la sensibilisation des français pour s’attaquer à l’urgence climatique. Les électeurs voteront plus pour une cause, une étiquette que pour un homme et une équipe à qui l’on va confier les commandes d’un gros paquebot de 515 000 passagers et d’un équipage de 7 300 personnes. Espérons que le nouveau Pacha et son commandement sauront tenir la barre et affronter les tempêtes qui forcément surviendront rapidement et tout au long de leur mandat.

Pour la Métropole, Bruno Bernard mène la danse avec les listes des 14 circonscriptions. Lui aussi est arrivé en tête le 15 mars, avec une probabilité non négligeable de victoire au second tour le 28 juin avec 37 % d’intention de vote (sondage IFOP du 12 juin). Là aussi, la responsabilité est immense, la Métropole est une collectivité territoriale de premier plan créée en 2015 avec ses 59 communes, ses 1 375 000 habitants, ses 3,5 milliards de budget et ses 9200 agents.

Ceci dit, ce résultat final peut inquiéter. Si je peux me permettre une comparaison triviale c’est un peu comme si on confiait les clés de Total à un pompiste… mais tout homme et toute femme peuvent se révéler aux manettes d’une grande institution et face à l’adversité.

Grégory Doucet et Bruno Bernard ne sont pas seuls, il y a autour d’eux, des personnalités et des talents qui peuvent constituer une équipe de choc pour réussir la transition notamment Nathalie Perrin-Guilbert, égérie collombiste du départ et Brutus à l’arrivée. Son plaidoyer des « 15000 raisons contre le retour de Collomb » infligé au maire lors de sa réélection après son passage douloureux à Beauvau est un grand moment de démocratie acerbe que je vous invite à revoir:

Souhaitons leur bonne chance pour nous d’abord et pour eux ensuite.

Au centre.

Le tandem du milieu avec Georges Képénékian pour la Ville et David Kimelfeld pour la Métropole est certainement l’équipe la plus fiable, la plus complémentaire et la plus sûre du grand cirque électoral lyonnais en ce moment de grande incertitude sociale, économique et sanitaire.

Ceci dit pour pour l’instant, ils sont en troisième position dans les sondages ou l’addition des scores réalisés au premier tour. Mais un sondage n’est qu’un sondage. Il ne tient pas compte du sursaut de l’isoloir et du niveau d’abstention. Saluons la constance et le courage de ce duo qui tient le cap et montre sa pertinence, son honnêteté et sa persévérance. Cela a déjà payé au premier tour puisque David Kimelfeld est arrivé en troisième position avec 16,92 % derrière Bruno Bernard (22,55 %) et François-Noël Buffet (17,65%). Kimelfeld a mis Collomb hors jeu n’ayant rassemblé que 16,5 % des voix à la 4e place.

Kimelfeld a mené une bonne campagne en indépendant ou sans étiquette comme on dit, puisque l’investiture avait été donnée à Collomb qui n’en a pas fait grand chose, vu le fractionnement des équipes LREM et aujourd’hui l’incompréhension des électeurs face à ce ralliement à la droite. L’effet Macron des législatives n’a pas fonctionné. Lors du débat France 3 Auvergne Rhône-Alpes/Le Progrès, David Kimelfeld a dominé clairement ses adversaires, avec des propositions concrètes et chiffrées.

Quand à Georges Képénékian, ancien maire de Lyon pendant l’épisode ministériel de Collomb, arrivé en 4e position au premier tour avec 11,98 % des voix il a fait une campagne de second tour beaucoup plus dynamique et incisive. Son implication et ses actions pendant le confinement ont été remarquées. Son expérience de l’exercice du pouvoir et ses compétences de médecin et chirurgien lors de cette crise sanitaire sans précédent montrent bien qu’en période difficile ces qualités sont des atouts indéniables.

Pointons également une campagne plus homogène et plus visible au second tour avec la volonté affirmée de montrer une ligne directrice commune en terme d’arguments programmatiques et graphiques qui présente une équipe plus homogène sous la houlette d’un nouveau et même directeur de campagne, Abdenour Ain-Seba, chef d’entreprise, bon stratège et bon communicant.

Bilan de Kimelfeld: 3 ans à la métropole en 2mn !

 

A droite.

Si à gauche et au centre on perçoit une logique de projet. A droite le mélange des genres interpelle. Un Collomb parti de gauche avec le PS, passé au centre-droit avec le soutien de Raymond Barre pour gagner la mairie lors de son premier mandat (2001), son passage au « ni de gauche, ni de droite » avec Macron pour arriver à la droite « dure » en s’alliant à Laurent Wauquiez, nous fait le grand écart de l’inconstance politique à la Millon. Monsieur Collomb aurait pu partir en beauté en sachant passer le relai et assurer la transition. Tout cela pour détruire Kimelfeld qui lui a tenu tête et pour barrer la route au dangereux verts gauchistes incapables de gérer sa chère ville de Lyon… Qu’elle misère humaine et politique!

Après tractation, exit Etienne Blanc et ses 17,01 % du premier tour (2e place le 15 mars) pour un curieux deal: Yann Cucherat à la Mairie et en échange François-Noël Buffet, revenu de nulle part, à la Métropole. Bravo l’artiste, c’est du grand art politique, style compromission et 4e République… Pour parfaire le tout et verdir le programme, abandon de « l’Anneau des Sciences », l’autoroute urbaine et « écologique » de Gérard Collomb.

L’addition des voix du 1er tour de ce nouvel attelage (LREM/LR) représente 31,93 % contre 45,53 % pour le bloc écologiste et seulement 11,98% pour Georges Képénékian. Mais le résultat final ne sera pas exactement l’addition des pourcentages réalisés au premier tour…

L’étonnement est dans les assemblages des professions de foi. Quand on voit sur le même bulletin Pascal Blache et Yann Cucherat pour la Mairie du 6e et Pascal Blache et Dominique Nachury pour la Métropole sous le slogan, « La force du Rassemblement », cela pourra interpeller l’électeur !

Au registre des programmes.

Avant d’aller voter, nous vous invitions à visiter les sites programmes des 6 candidats pour vous faire une idée plus précise et concrète de leurs propositions.

Pour les Municipales

– Grégory Doucet: https://rhone.eelv.fr/candidat-e/gregory-doucet/

– Georges Képénékian: https://gk2020.fr/

– Yann Cucherat: https://municipales.laforcedurassemblement.fr/

Pour les Métropolitaines

– Bruno Bernard: https://rhone.eelv.fr/candidat-e/bruno-bernard/

– David Kimelfeld: https://dk2020.fr/

– François-Noël Buffet: https://laforcedurassemblement.fr/

Quel sera le résultat de ces élections ?

Il est complexe de faire un pronostic tant la situation est incertaine. Les chiffres des sondages donnent un résultat mais bien malin est celui qui peut affirmer que cela se passera comme indiqué! Ce sera certainement plus serré que ces prévisions pour au moins trois raisons:

– Les électeurs seront-ils suffisamment nombreux au rendez-vous de ce second tour? Rappelons qu’au premier tour du 15 mars la participation fut seulement de 35,87 %, ce qui est exceptionnellement bas pour des élections locales. Alors dimanche, quelle sera la participation ? Il faut cependant noter que tout le monde politique mène le combat de la participation car il sera crucial dans le résultat. La mairie de Lyon l’a bien compris puisque ce matin a démarré une vaste campagne de phoning avec un message de 50 secondes sur les fixes et les portables des électeurs lyonnais pour les inciter à aller voter en s’appuyant sur une réassurance sanitaire… La peur de l’abstention est palpable!

– Quel est la fiabilité des sondages dans le cadre de cette curieuse triangulaire avec les reports de voix des électeurs à qui on ne demande pas leur avis pour négocier des alliances parfois surprenantes comme Collomb/Wauquiez (LR). Les sondages annoncent 37 % pour Bruno Bernard (EELV), 32 % pour François-Noël Buffet (LR) et 26 % pour le Président sortant de la Métropole, sans étiquette, David Kimelfeld. Pour élire le nouveau Président de la Métropole, il y aura certainement le fameux troisième tour car les chiffres annoncés ne permette pas, a priori, d’avoir une majorité incontestable. Et dans ce cas David Kimelfeld aura une carte à jouer…

– Des alliances de partis et de candidats pas forcément celles des électeurs. Comment les électeurs apprécieront ces alliances de partis qu’ils n’ont pas forcément choisies ? Là est toute la question. Chez les verts et à gauche nous pouvons penser qu’il y aura consensus, mais les verts du centre se retrouveront-ils en affinité avec LFI ou les communistes ?

A droite, ne revenons pas sur cette curieuse alliance qui n’a qu’un objectif: faire obstacle à la victoire des verts comme s’ils représentaient la peste noire en ces temps de Covid 19…

Au centre, Kimelfeld et Képénékian restent droits dans leur bottes et courageux de continuer le combat sans se trahir, ni trahir la confiance de celles et ceux qui les ont soutenus au premier tour…

Excellent week-end électoral à toutes et tous et réponse dimanche soir.

 

Paul Brichet pour lyon-experience.com

 

  28 juin 2020, Bernard, Buffet, Collomb, Cucherat, Doucet, élections municipales et métropolitaines de Lyon, Képénékian, Kimelfeld