Lyon reconvertit le musée Guimet en ateliers chorégraphiques.

Cette restauration de 26 millions d’euros offre à la Maison de la danse un lieu de création pour des compagnies en résidence et de médiation culturelle.

Musée Guimet dédié à la Danse
Maison de la danse à Lyon – Ateliers d’architectes Pierre Hebbelinck et Hart Berteloot AAT

Il avait été un temps question de reconstruire une nouvelle Maison de la danse, plus grande, à Confluence. Au projet à 100 millions d’euros, abandonné, a succédé celui de la doter d’une annexe pour accueillir des artistes en résidence et des projets tournés vers le public. Ces nouveaux ateliers seront installés dans l’ancien musée Guimet, en bordure du parc de la Tête d’or. Ils cohabiteront avec le service archéologique de la ville situé dans les sous-sols et au rez-de-chaussée.

Ouvert en 1879, fermé en 2007, le palais de pierre et d’acier dessiné par Jules Chatron a connu le premier Musée des religions de l’industriel lyonnais, préfiguration du musée parisien où l’insatiable voyageur Emile Guimet déménagea ses collections asiatiques dès 1889. Le lieu a ensuite accueilli une patinoire géante de 1901 à 1909, puis le Musée d’histoire naturelle. Des animaux empaillés aux corps en mouvement, en passant par les patineurs et l’utopie du dialogue des cultures, ces ateliers de la  Maison de la danse dirigée par Dominique Hervieu, chorégraphe du vivre-ensemble dans les quartiers, s’inscrivent dans la continuité d’une histoire typiquement lyonnaise.

Lyon, capital mondiale de la chorégraphie
La mise en service des ateliers, dans les trois niveaux supérieurs du bâtiment, est prévue en 2021. Le modèle économique et les frais de fonctionnement « sont encore en réflexion, avec les partenaires financiers, l’Etat et la région », expliquait le maire Georges Képénékian  quelques jours avant de rendre son fauteuil à Gérard Collomb. Cette reconversion en lieu de création, et pas seulement en salle de spectacle, permet à la ville (qui met 16 millions d’euros hors taxe dans le projet) de recevoir un substantiel apport du ministère de la Culture : 4,5 millions d’euros.

« L’objectif est de faire de Lyon la capitale mondiale de l’art chorégraphique », revendique le directeur régional des affaires culturelles, Michel Prozic. La danse occupe déjà une place singulière avec la Maison de la danse, ouverte dès 1980, et qui accueille 150.000 spectateurs par an. Sans oublier la Biennale qui fait danser depuis 1996 120.000 personnes lors de son populaire défilé. L’agglomération compte aussi un conservatoire national, une troupe de ballet à l’Opéra, un Centre chorégraphique national à Rillieux, confié à Yuval Pick, et enfin, à Bron, le centre Pôle Pik de  Mourad Merzouki  et le festival de hip-hop Karavel.

1.700 m2 sous verrière
La restauration de l’étonnant bâtiment triangulaire coiffé en son sommet d’une coupole, confié aux architectes Pierre Hebbelinck et Mathieu Berteloot, spécialistes des missions patrimoniales (Théâtre de Liège, Scène nationale de Châlon-sur-Saône), prévoit de conserver le vaste volume asymétrique de la salle centrale, 1.700 mètres carrés sous verrière. Sa galerie à balustrades sera sauvée, mais pas ses vitrines en bois, sécurité incendie oblige.

Cet espace de création « offert à des compagnies internationales, comme à des troupes locales réduites à répéter dans des MJC », assure Dominique Hervieu, accueillera aussi une scène et des gradins modulaires, escamotables, permettant des représentations avec une jauge de 500 places. Le tout hautement technologique, pour intégrer les arts numériques et permettre des tournages à travers 16 caméras ».

Le public sera accueilli à travers une programmation composée de cinq temps forts (dont un festival jeune public, une nouveauté) calés sur les événements existants. « Je me souviens du plaisir de poser ses valises dans une salle, et d’être libre de créer, dans une autre dimension, avec une autre ambition. Ces oeuvres-là sont beaucoup plus abouties », confie Dominique Hervieu, longtemps directrice du Centre national de Créteil puis du Théâtre national de Chaillot.

Deux studios de répétition seront aménagés en sus, dans une extension, dont l’un dédié aux pratiques amateurs et aux actions scolaires. Avec accès par l’entrée des artistes…

Léa Delpont – Les Echos

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