A quoi rêve Romain Gandolphe ? A voir et écouter à la BF15

A quoi rêve Romain Gandolphe ? A voir et écouter à la BF15

La BF15 organise une exposition de Romain Gandolphe intitulée « D’autres états me font rêver » en résonance avec la Biennale de Lyon 2017 / FOCUS du 24 novembre 2017 au 20 janvier 2018 en présence de l’artiste.
Durant toute la durée de cette première exposition personnelle, Romain Gandolphe habite l’espace de La BF15 et nous entraine dans des récits d’oeuvres et d’expositions vécues ou imaginées.

J’aimerais pouvoir vivre dans cette exposition. Tous les jours. Et être là, quand tu viendras. Te rencontrer et t’inviter à te souvenir, comme j’essaie souvent de me souvenir moi-même. Te souvenir d’œuvres que tu as vues — que tu as cru voir ?
Me les raconter. Les réinventer. Les raconter, surtout, à ceux qui viendront plus tard. Car te souvenir c’est porter en toi les œuvres que tu as vues. Les raconter alors, c’est les transmettre, les donner à d’autres. Et les réécrire, toujours.
En retour je te montrerai à quoi ressemble mon souvenir de cette œuvre que j’ai dans la tête : un dessin mural qui, au bord de l’océan Pacifique, m’évoque ces vagues lointaines. Peut-être ensemble y verrons nous d’autres eaux ? Celles d’océans que tu me raconteras ? Celles de la Saône, plus proche de nous ?
Nous inclurons dans cette exposition des œuvres qui n’existent pas. Ou pas encore. L’œuvre que tu verras en repartant, celle que tu trouveras ici l’an prochain, et celle que je réaliserai dans dix ans. Pourrons nous aussi ajouter, à l’inverse, celles qui n’existent plus ? L’œuvre que tu viens d’oublier, celle que tu imaginais trouver ici en arrivant, et celle que tu ne verras plus.
En partant n’oublie pas d’emporter avec toi le récit de ces œuvres qui m’ont fait voyager. Par la pensée d’abord, car elles m’ont fait rêver.
À quelques neuf mille trois cent kilomètres d’ici, le voyage est devenu bien réel. À la re-cherche, sans trop d’espoir, d’un lieu précis dans le désert californien. Ce lieu serait celui d’une œuvre apparue il y a bientôt cinquante ans. Mais nous n’en avons d’autres traces que cette photo-graphie et quelques récits contradictoires.
Alors plus tard, en y repensant et en te promenant dans ces songes, en voyageant en somme, dans ce désert, s’il t’arrivait de trouver ce lieu que je cherche encore, s’il te plait, préviens moi.

Texte de Romain Gandolphe
Programme des performances
L’exposition dans ma tête jeudi 23 novembre à 19h
Every secret has a holder samedi 25 novembre de 14 h à 19h
J’aime les œuvres d’art. Mais m’aiment-elles en retour ? jeudi 21 décembre à 19h
En ce qui nous concerne une performance d’Axelle Pinot samedi 13 janvier de 14h à 19h
D’autres voix que la mienne samedi 20 janvier de 14h à 19h
Ouverture du mercredi au samedi de 14h à 19h fermeture du 24 décembre 2017 au 2 janvier 2018

La BF15

Espace d’art contemporain
11 quai de la Pêcherie
69001 Lyon FRANCE
+33(0) 478 286 663
infos@labf15.org

A propos de Romain Gandolphe

Romain Gandolphe en lecture
Romain Gandolphe, né en 1989, vit et travaille à La Ratayrié, France
Après des études scientifiques, Romain Gandolphe a découvert l’histoire de l’art aux Beaux-Arts, grâce à la parole des autres. Parions que cet ordre initial du récit a marqué sa pratique. Ayant démarré avec des performances (s’enfermer dans une cimaise pendant une semaine ; demander à des gardiens d’exposition de préserver des œuvres invisibles ; partir en Californie à la recherche de l’endroit exact d’une performance historique des années 1960), l’artiste a commencé à raconter ses actions et à performer progressivement son récit lui-même. L’oralité est ainsi devenue, presque naturellement, la forme principale de son travail, prenant la tournure d’expositions racontées ou de récits d’œuvres oubliées. Dès lors, la parole est-elle le véhicule d’une expérience inaccessible ou bien l’expérience elle-même n’est-elle que le prétexte à la narration ? Chez Romain Gandolphe, rien n’est vraiment clair ! Entre visite guidée, théâtre, conférence et méta-performance, ses récits amoureux de l’art sont comme des substituts qui auraient supplanté leur modèle, comme l’on dirait d’un discours qui se serait autonomisé de son sujet. Pour le 62e Salon de Montrouge, l’artiste, fidèle à son caractère spéculatif et joueur, propose une visite anticipée du Salon, avant que les œuvres ne soient installées. Un récit d’anticipation face aux cimaises vides, dont les auditeurs pourront vérifier ou infirmer la pertinence en différé. Ce faisant, le travail de Romain Gandolphe est aussi une réflexion critique sur un art de la performance en soi paradoxal, car fondé sur un irréductible hic et nunc (« ici et maintenant »), qui exclut de fait la plupart des spectateurs. Un art qui n’existe finalement que par l’indice, la trace et le récit et qui transforme ses artistes en storytellers… pour ne pas dire en bonimenteurs ! Est-ce bien arrivé ? Même pas sûr. Ce travail renvoie la performance à son essence problématique d’événement au présent, et donc par nature insaisissable, car toujours irrémédiablement manqué. À peine esquissé, déjà mort ! Une pratique en creux, par défaut, qui allait, par la multiplicité de ses absences, faire exploser les désirs et les fantasmes.
Guillaume Désanges
Lien: Site Romain Gandolphe (www.romaingandolphe.com)

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