Couty-Buffet à Lyon. L’Homme au bout des pinceaux.

Persona non grata à Lyon Bernard Buffet est invité par le musée Jean Couty pour une exposition « Parcours croisés » mettant les deux peintres contemporains et figuratifs en miroir. Une belle découverte qui se prolonge jusqu’au 16 juin. A ne pas rater.

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Autoportraits Jean Couty et Bernard Buffet

L’oubli est réparé ! Bernard Buffet, peintre figuratif des années soixante n’a jamais connu les cimaises lyonnaises. Persona non grata, c’est désormais fini grâce à l’initiative heureuse de Lydia Hambourg, historienne de l’art, commissaire de l’exposition « parcours croisés » et le musée Jean Couty.

L’idée d’une rencontre sur les bords de Saône des deux peintres contemporains, aujourd’hui décédés, Jean Couty et Bernard Buffet, l’un lyonnais l’autre parisien, figuratifs tous les deux, différents dans leur vie et amis met en valeurs leurs œuvres dans le musée Jean Couty récemment ouvert à quelques encablures de l’Ile Barbe.

Le musée Jean Couty à Lyon

L’intérêt d’une telle exposition est de découvrir tout d’abord un nouveau musée (ouvert en Mars 2017), un peintre lyonnais Jean Couty et actuellement les peintures de Bernard Buffet. Trois raisons pour faire le voyage chez les figuratifs, un courant de peinture qui ne fût pas tant reconnu. Lydia Harambourg a tenu à rapprocher les œuvres de ces deux peintres qui se connaissaient, s’estimaient et défendaient tous deux les mêmes idées : indépendance et attachement à une peinture dans la continuité de celle des maîtres du passé et ouverte à la modernité. L’exemple le plus frappant est la leçon d’anatomie d’après Rembrandt pour Bernard Buffet et le partage du pain de Jean Couty. Les deux peintres ont en commun un prix fort réputé – le prix de la critique – qui leur donna à chacun une grande renommée en 1948 pour Bernard Buffet et en 1950 pour Jean Couty.

Les folles de Bernard Buffet
Les folles de Bernard Buffet

Le décor est installé. Les deux artistes vont se retrouver sur des thèmes communs : leur fascination pour les villes comme New York, les portraits réalistes de leurs familles, muses ou amis. Plus surprenant pour deux hommes venant d’origines sociales bien différentes est ce même message humaniste et leur rapport au mysticisme.

Lydia HarambourgLydia Harambourg dans Beaux Arts en fait une description très précise : «Né dans une famille radical socialiste qui défend la laïcité, Jean Couty entre dans le mouvement chrétien de la Résistance. Bernard Buffet suit les cours de l’école des jésuites à Paris, chacun construira son œuvre en résonance avec son  expérience sensible d’homme. C’est dans le dénuement qu’apparaît le sacré : les folles et les paysans, les ouvriers au travail pour Jean Couty, la déshérence humaine dans le théâtre clos d’une chambre, les descentes de Croix pour Bernard Buffet. Pour les deux artistes, l’audace et la simplicité dans l’approche des sujets sont éclairées par la grâce. S’ajoute à cette dimension mystique pour Jean Couty une passion pour les églises et cathédrales, héritage de ses ancêtres compagnons ».

La chambre de Bernard Buffet
La chambre de Bernard Buffet

L’exposition « Parcours croisés » nous ouvre ces différents chemins avec des tableaux mis en miroir, avec ces couleurs, ces lignes, ces profondeurs et à se rapprocher d’une certaine tristesse dans tous les regards et particulièrement dans deux tableaux : la chambre de Bernard Buffet et les miettes du dimanche de Jean Couty. Et déja, Jean Bouret critique d’art de l’après guerre, organisateur de l’exposition en 1948 « l’homme témoin » s’exclamait haut et fort « Qu’on le veuille ou non, la peinture c’est l’homme vivant avec ses joies, ses souffrances, son orgueil, ses réflexes, ses sentiments, ses muscles. Nous crevons de mièvrerie, de mathématiques, d’analyses, de transcendances, de marchands, de spéculateurs, de gens de salons qui ont imposé leur goût ».

L’exposition s’inscrit dans cette forte réflexion : deux peintres qui ont toujours eu au bout de leurs pinceaux : l’Homme.

Rémi Grandjacques

Pratique : musée Jean Couty ouvert du Mercredi au Dimanche de 11h à 18h, 1 Place Henri Barbusse 69009 Lyon

A faire : pour se rendre au musée, longer  la Saône  par la promenade piétonne jusqu’à l’Ile Barbe  et revenir avec le bus 43.

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